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.Mais il avait trop d’expérience pour échafauder là-dessus de réjouissantes Hypothèses.Selon toute probabilité, elle se comportait ainsi avec tout le monde : une grande intensité apparente, pas grand-chose derrière.— Paul, fit Rhodes sans se retourner, je te présente Isabelle.La femme assise à l’avant, à côté de Nick, pivota pour esquisser un sourire de politesse, un mouvement fugace, sans chaleur.Carpenter se prit immédiatement pour elle d’une antipathie instinctive.Pendant l’instant où elle se montra avant de se retourner, il vit qu’elle était très séduisante, mais d’une manière étrangement discordante, avec trop de force dans les yeux et trop peu dans le reste du visage, et une couronne de cheveux en bataille, écarlates et crêpelés, témoignant d’un souverain mépris pour les conventions de la beauté ordinaire.Elle doit être insupportable, se dit Carpenter, sans que rien ne vienne étayer ce jugement, un mélange instable de tendresse et de férocité.Il secoua la tête.Pauvre Nick, il n’a jamais eu de chance avec les femmes.— Je vous emmène à Sausalito, annonça Rhodes.Un bon restaurant avec une vue merveilleuse.Nous y allons souvent, Isabelle et moi.— C’est notre endroit à nous, ajouta-t-elle.Elle avait parlé d’un ton un peu grinçant.Carpenter crut percevoir une pointe de sarcasme dans ses paroles, mais il n’en était pas sûr.De fait, c’est un lieu agréable et romantique qu’ils découvrirent une heure plus tard, en arrivant enfin au restaurant, de l’autre côté du pont du Golden Gate, après un trajet éprouvant à travers le cœur de la cité.Carpenter avait oublié à quel point Rhodes était un conducteur exécrable ; il ne tenait aucun compte du cerveau de la voiture, imposait son jugement farfelu à chaque échangeur et laissait dans son sillage un chapelet d’automobilistes stupéfaits, actionnant frénétiquement leur klaxon.Carpenter avait de la peine à imaginer comment on pouvait s’égarer entre Frisco et Sausalito, un itinéraire en ligne droite des deux côtés du pont, mais Rhodes réussit à le faire à plusieurs reprises.Le plan en couleurs qui s’affichait sur le tableau de bord préconisait quelque chose, Rhodes s’obstinait à ne pas suivre ses recommandations.Le cerveau de la voiture n’aimait pas cela et des voyants s’allumaient sur le tableau de bord.Rhodes n’en tenait aucun compte.Petite affirmation de son pouvoir.Rhodes était astucieux, certes, et il vivait depuis assez longtemps à Berkeley pour être persuadé de savoir s’orienter dans San Francisco, mais la voiture, malgré son âge, était encore plus astucieuse dans son domaine particulier et sa mémoire contenait un plan extrêmement détaillé de la cité.Elle guidait Rhodes, l’aidait patiemment à sortir des faubourgs ouest par lesquels il semblait irrésistiblement attiré et le ramenait vers le pont.Tout le monde surmonta l’épreuve, même le cerveau de la voiture, pourtant surmené et sans doute proche de la limite de rupture.Le restaurant, douillettement niché à flanc de colline, dominant le front de mer de Sausalito, leur fit l’accueil chaleureux réservé aux habitués.La vue était réellement extraordinaire : toute la partie septentrionale de San Francisco ceignant la baie de sa multitude de lumières éclatantes et la splendeur du pont illuminé.L’apéritif fut servi presque instantanément.Carpenter découvrit que Rhodes était très doué pour cela.— Il est bien entendu, déclara Enron, que c’est la revue qui régale ce soir, le dîner, tout.Ne vous privez surtout de rien.En sa qualité d’invité et d’étranger, on lui avait donné une place face à la fenêtre panoramique.— Décidément, poursuivit-il, San Francisco est une ville magnifique qui me rappelle beaucoup Haïfa, avec ses collines, ses bâtiments blancs, sa végétation.Mais l’air n’est pas aussi sec et il n’y a pas tant de poussière à Haïfa.Loin de là.Êtes-vous déjà allé en Israël, docteur Carpenter ?— Pas docteur, juste monsieur… Non, je n’y suis jamais allé.— C’est si beau, vous aimeriez.Des fleurs partout, des arbres, des plantes de toutes sortes.Et c’est la totalité du pays qui est magnifique, comme un grand jardin.C’est le paradis.Chaque fois que je dois partir, je ne puis retenir mes larmes.Enron lança à Carpenter un regard scrutateur d’une surprenante acuité.Il avait des yeux noirs, impénétrables, étincelants de curiosité ; sur son visage maigre, anguleux, rasé de près, les premiers poils noirs de ce qui ne pouvait être qu’une barbe assyrienne commençaient à apparaître sur la peau fraîchement et soigneusement raclée.— … Vous travaillez aussi pour Samurai Industries, si j’ai bien compris.Puis-je vous demander en quelle qualité ?— Salarié Onze, répondit Carpenter.J’espère passer Dix un de ces jours.Je viens du Nord où je travaillais comme prévisionniste météo et je vais bientôt embarquer en qualité de capitaine sur un remorqueur d’icebergs, pour le compte du Service public du district de San Francisco.Il n’y a pas ici autant d’eau de pluie qu’au Moyen-Orient.— Ah ! fit simplement Enron.Carpenter vit quelque chose se refermer brusquement au fond de ses yeux.L’étincelle de curiosité s’évanouit.Fin de l’intérêt momentané d’Enron à l’endroit de Carpenter, Salarié Onze chez Samurai Industries.L’Israélien se tourna vers Jolanda, assise entre Carpenter et lui.— Et vous, mademoiselle Bermudez ? Vous êtes artiste, je ne me trompe pas ?Enron semblait vouloir interviewer tout le monde [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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