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.Enfin, vous êtes tellement envotre personne, et de coeur et d'esprit, que, croyant former à vous seulun point historique, les ressemblances éternelles entre le temps et leshommes échappent à votre attention, et l'autorité de l'expérience voussemble une fiction, ou une vaine garantie destinée uniquement au créditdes vieillards et aux dernières jouissances de leur amour-propre.Quelle erreur est la vôtre! Le monde, ce vaste théâtre, ne change pas d'acteurs;c'est toujours l'homme qui s'y montre en scène; mais l'homme ne serenouvelle point; il se diversifie ; et comme toutes ses formes sontdépendantes de quelques passions principales dont le cercle est depuislongtemps parcouru, il est rare que, dans les petites combinaisons de lavie privée, l'expérience, cette science du passé, ne soit la source fécondedes enseignements les plus utiles.« Honneur donc aux pères et aux mères, honneur à eux, honneur etrespect, ne fût-ce que pour leur règne passé, pour ce temps dont ils ontété seuls maîtres et qui ne reviendra plus ; ne fût-ce que pour ces annéesà jamais perdues, et dont ils portent sur le front l'auguste empreinte.« Voilà votre devoir, enfants présomptueux, et qui paraissez impatientsde courir seuls la route de la vie.Ils s'en iront, vous n'en pouvez douter, ces parents qui tardent à vousfaire place ; ce père dont les discours ont encore une teinte de sévéritéqui vous blesse: cette mère dont le vieil âge vous impose des soins quivous importunent: ils s'en iront, ces surveillants attentifs de votreenfance, et ces protecteurs animés de votre jeunesse; ils s'en iront, etvous chercherez en vain de meilleurs amis; ils s'en iront, et dès qu'ils neseront plus, ils se présenteront à vous sous un nouvel aspect; car letemps, qui vieillit les gens présents à notre vue, les rajeunit pour nousquand la mort les a fait disparaître; le temps leur prête alors un éclat quinous était inconnu: nous les voyons dans le tableau de l'éternité où il n'y aplus d'âge, comme il n'y a plus de graduation; et s'ils avaient laissé sur laterre un souvenir de leurs vertus, nous les ornerions en imagination d'unrayon céleste, nous les suivrions de nos regards dans le séjour des élus,nous les contemplerions dans ces demeures de gloire et de félicité; et,près des vives couleurs dont nous composerions leur sainte auréole, nousnous trouverions effacés au milieu même de nos beaux jours, au milieu destriomphes dont nous sommes le plus éblouis».Corinne, s'écria lord Nelvil avec une douleur déchirante, pensez-vous quec'est contre moi qu'il écrivait ces éloquentes plaintes? - Non, non, réponditCorinne ; vous savez qu'il vous chérissait, qu'il croyait à votre tendresse ;et je tiens de vous que ces réflexions furent écrites longtemps avant quevous eussiez eu le tort que vous vous reprochez.Ecoutez plutôt, continuaCorinne, en parcourant le recueil qu'elle avait encore entre les mains,écoutez ces réflexions sur l'indulgence, qui sont écrites quelques pagesplus loin :« Nous marchons dans la vie, environnés de pièges et d'un pas chancelant ;nos sens se laissent séduire par des amorces trompeuses; notreimagination nous égare par de fausses lueurs ; et notre raison elle-mêmereçoit chaque jour de l'expérience le degré de lumière qui lui manquait et laconfiance dont elle a besoin. Tant de dangers unis à une si grande faiblesse; tant d'intérêts divers,avec une prévoyance limitée, une capacité si restreinte ; enfin tant dechoses inconnues et une si courte vie : toutes ces circonstances, toutesces conditions de notre nature, ne sont-elles pas pour nous unavertissement du haut rang que nous devons accorder à l'indulgence dansl'ordre des vertus sociales!.Hélas! où est-il l'homme qui soit exempt defaiblesses ? Où est-il l'homme qui n'ait aucun reproche à se faire? Où est-ill'homme qui puisse regarder en arrière de sa vie sans éprouver un seulremords ou sans connaître aucun regret ? Celui-là seul est étranger auxagitations d'une âme timorée, qui ne s'est jamais examiné lui-même, qui n'ajamais séjourné dans la solitude de sa conscience.» Voilà, reprit Corinne,les paroles que votre père vous adresse du haut du ciel, voilà celles quisont pour vous.- Cela est vrai, dit Oswald ; oui, Corinne, vous êtes l'angedes consolations, vous me faites du bien; mais si j'avais pu le voir unmoment avant sa mort, s'il avait su de moi que je n'étais pas indigne de lui,s'il m'avait dit qu'il le croyait, je ne serais pas agité par les remordscomme le plus criminel des hommes; je n'aurais pas cette conduitevacillante, cette âme troublée qui ne promet de bonheur à personne.Nem'accusez pas de faiblesse; mais le courage ne peut rien contre laconscience : c'est d'elle qu'il vient; comment pourrait-il triompher d'elle? Aprésent même que l'obscurité s'avance, il me semble que je vois dans cesnuages les sillons de la foudre qui me menace.Corinne! Corinne! rassurezvotre malheureux ami, ou laissez-moi couché sur cette terre, quis'entr'ouvrira peut-être à mes cris, et me laissera pénétrer jusqu'auséjour des morts. Livre XIII.LE VÉSUVE ET LA CAMPAGNE DE NAPLES.CHAPITRE PREMIER.Lord Nelvil resta longtemps anéanti après le récit cruel qui avait ébranlétoute son âme.Corinne essaya doucement de le rappeler à lui-même : larivière de feu qui tombait du Vésuve, rendue visible enfin par la nuit,frappa vivement l'imagination troublée d'oswald.Corinne profita de cetteimpression pour l'arracher aux souvenirs qui l'agitaient, et se hâta del'entraîner avec elle sur le rivage de cendres de la lave enflammée.Le terrain qu'ils traversèrent, avant d'y arriver, fuyait sous leurs pas, etsemblait les repousser loin d'un séjour ennemi de tout ce qui a vie : lanature n'est plus dans ces lieux en relation avec l'homme.Il ne peut pluss'en croire le dominateur ; elle échappe à son tyran par la mort.Le feu dutorrent est d'une couleur funèbre; néanmoins quand il brûle les vignes oules arbres, on en voit sortir une flamme claire et brillante ; mais la lavemême est sombre, tel qu'on se représente un fleuve de l'enfer ; elle roulelentement comme un sable noir de jour et rouge la nuit.On entend, quandelle approche, un petit bruit d'étincelles qui fait d'autant plus de peur qu'ilest léger, et que la ruse semble se joindre à la force : le tigre royal arriveainsi secrètement à pas comptés [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]
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