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.Le chef regarda Fossoyeur.— Le contrariez pas ! murmura celui-ci d’une voix étranglée.Il est dans la vape jusqu’aux yeux.— Bon ! d’accord, dit le chef.On te laisse filer – à condition que tu ne fasses pas de mal à la gosse.Si tu touches à un cheveu de sa tête, on ne te butera pas – ne crois pas ça – mais c’est toi qui te traîneras à nos genoux pour qu’on en finisse avec toi.Dans cinq minutes, tu vas sortir.On te laisse filer.— Ça prend pas ! reprit le Cheik.Ma parole, vous me croyez plus con que nature ! Fossoyeur va entrer et poser son pistolet sur la table.Moi, je sortirai après.— Tu t’imagines peut-être qu’on va te donner un pistolet, espèce de cinglé, rugit le chef.— Bon ! alors je fais son affaire à la môme.— Je te le donnerai, dit Fossoyeur.— Jones, vous êtes révoqué ! dit le chef.— D’accord, répliqua Fossoyeur avant de s’adresser au Cheik : Alors, qu’est-ce que je fais ?— Mettez-vous devant la porte en tenant le revolver par le canon.Quand j’ouvrirai, vous tendrez le bras en entrant pour que je voie d’abord la crosse.Ensuite, vous avancerez tout droit et vous déposerez le revolver sur la table de cuisine.Compris ?— Ouais, c’est compris.— Les autres fils de pute n’ont qu’à se tirer, ajouta le Cheik.Les deux lieutenants et le sergent regardèrent le chef, l’air interrogateur.— Eh bien, Jones ! à vous de jouer ! dit le chef, qui ajouta, réflexion faite : Bonne chance !Il tourna les talons et se mit à descendre.Les autres hésitèrent.Fossoyeur gesticula avec véhémence pour les inciter à en faire autant.Ils finirent par obéir à contrecœur.Tout était silencieux dans la cuisine.Bientôt, le bruit des pas décrut dans l’escalier et, là aussi, le silence régna.Fossoyeur se plaça face à la porte, tenant son revolver par le canon.La sueur s’écoulait de son visage aux traits burinés et ruisselait dans son cou.Enfin, il y eut du bruit à l’intérieur.Le verrou Yale tourna avec un déclic, le verrou à main grinça, la chaîne de sûreté fut enlevée et la porte pivota lentement sur ses gonds.Du seuil, on n’apercevait que Mémé dans son fauteuil à bascule, très droite, les doigts crispés sur les accoudoirs.Ses grands yeux ouverts fixaient sur Fossoyeur un regard réprobateur.Derrière la porte, le Cheik se mit à parler.— Tournez la crosse par ici pour que je voie s’il est chargé.Sans bouger la tête, Fossoyeur présenta le revolver au Cheik de façon à ce qu’il puisse voir les cartouches dans le magasin.— Avancez ! commanda le Cheik.Les yeux fixés droit devant lui, Fossoyeur traversa lentement la cuisine.En arrivant devant la table, il jeta un coup d’œil furtif sur la petite fenêtre qui s’ouvrait dans le mur du fond, à moitié dissimulée par un vieux buffet.De l’extérieur, on ne pouvait voir que l’espace situé entre la table et le mur latéral.Ayant aperçu ce qu’il espérait, Fossoyeur se pencha lentement et déposa le pistolet à l’autre bout de la table.— Voilà ! dit-il.Sur quoi, il leva les bras, s’écarta de la table et se plaça face au mur du fond.Pour s’emparer du revolver, le Cheik devait soit passer devant lui, soit contourner la table de l’autre côté.D’un coup de pied, le Cheik ferma la porte derrière laquelle il s’était caché avec Sugartit.Fossoyeur ne broncha pas, ne tourna pas la tête pour les regarder.Serrant de la main gauche la queue de cheval de Sugartit, le Cheik lui tira brutalement la tête en arrière, l’obligeant à présenter son cou gracile à la lame du coutelas.Ils se mirent à avancer en traînant les pieds, comme s’ils étaient en train d’exécuter une danse apache, dans un night-club de Montmartre.Les grands yeux de Sugartit avaient le regard résigné d’une biche aux abois ; sa petite tête brune paraissait aussi fragile qu’une meringue grillée.Des gouttes de sueur s’étaient accumulées au-dessus de sa lèvre supérieure.Sans quitter des yeux le dos de Fossoyeur, le Cheik longea lentement le mur d’en face pour s’approcher de l’extrémité de la table.Quand le pistolet fut à portée de sa main, il lâcha la queue de cheval de Sugartit, appuya plus fort le couteau contre sa gorge et tendit la main gauche pour s’emparer du revolver.Ed Cercueil était accroché au toit, par les pieds, la tête en bas ; seules, sa tête et ses épaules apparaissaient dans l’encadrement de la petite fenêtre.Ça faisait vingt minutes qu’il se trouvait dans cette position, attendant que le Cheik apparaisse dans son champ visuel.Il l’ajusta soigneusement, juste au-dessus de l’oreille gauche.Mû par une sorte de sixième sens, le Cheik tourna brusquement la tête au moment précis où Ed Cercueil appuyait sur la détente.Un troisième œil, petit, noir et aveugle, apparut soudain juste au milieu de son front, entre ses yeux jaunes de chat, au regard ébahi.La balle n’avait percé qu’un petit trou dans le carreau, mais la déflagration pulvérisa le verre, projetant une pluie d’éclats dans la cuisine.Fossoyeur eut juste le temps de rattraper la jeune fille qui s’affaissait, évanouie alors que le couteau désormais inoffensif venait heurter la table avec un bruit de métal.Le Cheik était déjà mort quand il s’écroula à côté du fauteuil à bascule de Mémé.La cuisine fut soudain envahie par les flics.— Vous avez pris trop de risques, beaucoup trop de risques, protestait le lieutenant Anderson, en hochant la tête, l’air médusé.— Les risques, ça fait partie du métier, fit le chef avec autorité.On sait ce que c’est !Personne ne le contredit.— New York est une ville violente, ajouta encore le chef d’un ton agressif.— C’était pas si dangereux que ça, déclara Ed Cercueil, le bras passé autour des épaules tremblantes de sa fille.Quand on leur tire dans la tête, ils ont pas de réflexes.Sugartit frissonna.— Toi et Eve, vous feriez mieux de rentrer, dit Fossoyeur.— T’as raison, répondit Ed Cercueil.En boitillant, il entraîna doucement Sugartit vers la porte [ Pobierz całość w formacie PDF ]
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